Santé mentale des jeunes : des chiffres alarmants, surtout chez les jeunes filles
« Si la jeunesse d’aujourd’hui n’est pas la première à avoir une vision pessimiste du monde, son mal-être est désormais associé à des troubles psychiques d’une ampleur inégalée ». Le programme IAMSTRONG, une méthode d’accompagnement positive dédiée aux adolescents et l’institut de sondage Ifop ont mis en place un observatoire de la santé mentale des jeunes – collégiens, lycéens et étudiants – dont les résultats sont publiés ce jeudi 21 novembre.
L’enquête, menée auprès de 1 300 jeunes âgés de 11 à 24 ans, pointe un épisode dépressif d’au moins 2 semaines chez un jeune sur deux (48 %), dont 25 % dans les 12 derniers mois. Et 23 % des jeunes confient avoir eu des pensées suicidaires, dont 9 % ces douze derniers mois. Pour comparaison, selon Santé publique France, 3,3 % des 18 – 24 ans déclaraient avoir eu des idées suicidaires dans l’année écoulée, ils étaient 13 % en 2023 selon le baromètre.
Le bien-être mental des jeunes filles mis à mal
L’étude souligne le regard très négatif que les jeunes portent sur eux-mêmes, tout particulièrement les filles. Tous les indicateurs de vulnérabilité psychologique sont plus élevés chez elles : l’anxiété (68 %, contre 51 % chez les garçons), les états dépressifs (55 %, contre 40 %) mais aussi les pensées suicidaires, plus fréquentes chez les filles (27 %) que chez les garçons (18 %). La tendance à s’auto-déprécier est également un phénomène très genrée puisque la proportion de filles ayant « une opinion négative d’elles-mêmes » est de 38 % (26 % pour les garçons) ou n’ayant pas confiance en leur niveau scolaire (34 %, contre 23 % des garçons). Ainsi les filles ont davantage envie « de tout abandonner », 32 % contre 17 %. Leur sentiment de solitude (55 %) est bien supérieur à celui des garçons (45 %) et elles ressentent un écœurement à l’égard de la société bien plus élevé que celui des garçons (68 % contre 49 %).
« Cette disparité peut être en partie expliquée par plusieurs facteurs : certes des variables culturelles comme le fait que les hommes sont moins enclins à admettre leur fragilité (désirabilité sociale), mais pas seulement ; chez les filles, les changements pubertaires sont souvent plus intenses, les injonctions à la perfection physique sont omniprésentes, et la consommation des réseaux sociaux est plus importante. Ces pressions combinées alimentent un climat de stress et d’anxiété qui affecte profondément leur bien-être mental », avance Erika Seydoux, coache et co-fondatrice IAMSTRONG.
Liens entre dépréciation physique et santé mentale
L’enquête braque aussi les projecteurs sur le manque d’estime de soi sur le plan physique, comme facteur de détresse psychologique. « La proportion de jeunes ayant déjà pensé à se suicider étant trois fois plus forte chez les jeunes ne se sentant pas beaux/belles (59 %) que chez ceux ou celles de disant beaux/belles (11 %) », lit-on dans l’enquête. Idem cette dépréciation physique pèse lourd sur les sentiments de stress, de solitude… Ces sentiments sont trois fois plus ressentis chez ceux qui n’apprécient par leur image que chez ceux qui l’apprécient. Cela impacte aussi la confiance en leurs capacités scolaires : « 69% des élèves ne se sentant pas beaux n’ont pas confiance en eux sur le plan scolaire, contre 16% de ceux qui se disent beaux ». IAMSTRONG plaide pour une action collective pour prioriser la santé mentale des jeunes, misant sur la prévention, le renforcement de l’estime de soi et des outils de résilience face à un monde qui les inquiète.
A noter : si vous êtes en souffrance ou vous inquiétez pour un proche, n’hésitez pas à composer le 31 14, le numéro national de prévention du suicide. Un site internet est également à disposition, 3114.fr.
* Étude Ifop pour IAMSTRONG réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 9 octobre 2024 auprès d’un échantillon de 1 303 jeunes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 11 à 24 ans.