Lutte contre l’antibiorésistance : les chiffres français mitigés
Santé publique France a publié lundi 18 novembre un état des lieux de la consommation des antibiotiques et de la résistance aux antibiotiques chez l’homme, chez l’animal et dans l’environnement sur tout le territoire français.
Chez l’homme, toujours plus de résistances bactériennes aux fluoroquinolones
En 2022, la France se situait au 5e rang des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques. Pourtant, un point positif est qu’en 2023, la consommation d’antibiotiques en santé humaine a diminué, poursuivant la tendance observée avant la pandémie de Covid-19. Les prescriptions sont restées stables chez les 15-64 ans, ont diminué chez les 0-4 ans, mais ont augmenté chez les 5-14 ans et les plus de 65 ans par rapport à 2022. Globalement, la consommation d’antibiotiques poursuit sa baisse modérée mais constante.
La résistance des souches d’Escherichia coli (E. coli) aux antibiotiques céphalosporines de 3e génération (C3G) et aux fluoroquinolones est plus prononcée dans les établissements de santé et les Ehpad qu’en ville. Si la résistance aux C3G diminuait lentement depuis 2016 dans ces contextes, elle a augmenté en 2023.
De même, la résistance aux antibiotiques fluoroquinolones (ciprofloxacine, ofloxacine, enrofloxacine, énoxacine…), en baisse dans les Ehpad depuis 2015, a progressé en 2023. En ville, cette résistance est en hausse constante depuis 2018.
En 2023, l’un des antibiotiques les plus prescrits est l’association amoxicilline-acide clavulanique, dont l’impact en matière de résistance bactérienne est majeur.
Chez les animaux, moins d’antibiotiques et donc moins de résistance bactérienne
En santé animale, un cercle vertueux s’est mis en place : l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a diminué de 40,8 % entre 2013 et 2023. Mais attention, rien n’est gagné : l’exposition globale des animaux d’élevage et domestiques a augmenté de 6,5 % en 2023 par rapport à 2022. En 2023, l’exposition des chiens et des chats aux antibiotiques reste la plus élevée.
La France est en-dessous de la moyenne des pays européens en termes d’utilisation des antibiotiques en santé animale. Par exemple, depuis 2017, l’utilisation des fluoroquinolones chez les animaux se maintient à moins de 1 % des antibiotiques utilisés chaque année.
Depuis plusieurs années, on observe chez les animaux une baisse de la résistance des bactéries E. coli aux céphalosporines de 3e génération (C3G) et aux fluoroquinolones (sauf chez les équidés).
Et dans l’environnement ?
La concentration moyenne de fluoroquinolones dans les eaux de surface baisse depuis 2015.
Dans l’environnement, leurs propriétés physico-chimiques sont telles que leur forte excrétion et leur faible biodégradabilité notamment confèrent à cette classe d’antibiotiques une forte persistante dans les eaux de surface, eaux souterraines, sols amendés, etc. pouvant favoriser l’émergence de bactéries résistantes et perturber l’équilibre des écosystèmes. Les données rapportent des concentrations dans les eaux de surfaces qui tendent à diminuer entre 2015 et 2022.