Cancer colorectal : le stress chronique, un ennemi qui passe par l’intestin
Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus fréquent en Europe. Son incidence devrait augmenter dans la prochaine décennie en raison du vieillissement de la population, des régimes alimentaires déséquilibrés, de la sédentarité et de l’obésité.
Une découverte ouvre de nouvelles perspectives en matière de prévention et de traitement : des chercheurs chinois ont pu établir un lien entre le stress et le microbiote intestinal dans la progression du cancer colorectal. Le stress chronique non seulement augmenterait la croissance tumorale, mais réduirait également les bactéries bénéfiques du microbiote intestinal, en particulier celles du genre Lactobacillus, essentielles à une réponse immunitaire efficace contre le cancer. « La progression du cancer colorectal liée au stress peut être attribuée à une réduction des bactéries bénéfiques, résume la chercheuse principale, le Dr Qing Li (Department of Gastrointestinal Cancer and Liver Diseases, West China Hospital, Sichuan University of China), car cela affaiblit la réponse immunitaire de l’organisme contre le cancer. »
Le chemin de la découverte
« Dans notre étude, nous avons utilisé un cocktail d’antibiotiques pour éradiquer le microbiote intestinal, suivi d’une transplantation de microbiote fécal, explique Qing Li, afin de déterminer si le microbiote intestinal était nécessaire pour que le stress chronique accélère la progression du cancer colorectal. » Le rôle essentiel de Lactobacillus a ainsi été mis en évidence dans le maintien de la santé intestinale et son association potentielle avec la progression du cancer colorectal sous stress chronique.
Quel est le mécanisme en jeu ?
La bactérie Lactobacillus plantarum influence les niveaux de cellules T CD8+ – qui jouent un rôle crucial dans l’immunité antitumorale – et la progression du cancer colorectal. Elle régule spécifiquement le métabolisme des acides biliaires et améliore la fonction des cellules T CD8+. Tout cela indique que Lactobacillus pourrait renforcer l’immunité antitumorale. Ce qui fait de cette espèce bactérienne particulière une cible thérapeutique potentielle. De plus, il semble que Lactobacillus plantarum pourrait nécessiter des substances présentes dans l’environnement intestinal pour renforcer l’action antitumorale des cellules T CD8+. Celles-ci restent à identifier.
Restaurer les bactéries intestinales bénéfiques
« Combiner des médicaments antitumoraux traditionnels avec une supplémentation en L. plantarum pourrait constituer une stratégie thérapeutique viable pour les patients atteints de cancer colorectal en présence de stress chronique », déclarait le Dr Li. En attendant, la prochaine étape pour l’équipe de recherche sera de recueillir des échantillons fécaux et tumoraux de patients atteints de cancer colorectal afin d’analyser les changements du microbiote intestinal chez les individus avec et sans stress chronique. L’objectif sera de vérifier si L. plantarum est en effet réduit chez les patients avec cancer colorectal sous stress et d’explorer sa relation avec les cellules immunitaires antitumorales.