Que se passe-t-il dans le cerveau d’un schizophrène qui « entend des voix » ?
Touchant 600 000 personnes en France, la schizophrénie est une maladie psychiatrique qui se traduit notamment par des troubles importants de la perception de la réalité, un isolement social et par ce qu’il est convenu d’appeler des « manifestations productives », comme des idées délirantes ou des hallucinations.
Ainsi, selon la Fondation pour la Recherche médical, près de 30 % des personnes atteintes de schizophrénie souffrent d’hallucinations auditives verbales. Mais comment expliquer que ces patients entendent des voix malgré les traitements conventionnels ? Qu’ils ne puissent pas faire la distinction entre leurs propres pensées et des voix extérieures ? Quels sont les mécanismes cérébraux à l’œuvre ?
Après avoir réalisé des électroencéphalogrammes sur deux groupes de 20 patients schizophrènes – un groupe présentant des hallucinations auditives et l’autre non – des chercheurs de la New York University Shanghai (Chine) suggèrent que ces hallucinations résulteraient d’anomalies dans deux processus cérébraux distincts.
Le cerveau perturbé
Le premier processus impliqué serait une défaillance de la « décharge corollaire ». La décharge corollaire est comme un message que le cerveau s’envoie à lui-même pour dire « c’est moi qui fais ça ». Par exemple, quand vous bougez le bras, votre cerveau sait que c’est vous qui le faites grâce à ce message. Sans ce message, vous pourriez penser que quelqu’un d’autre bouge votre bras. Eh bien pour la voix, c’est la même chose. Et si ce système est déficient, la personne schizophrène peut penser qu’elle n’est pas à l’origine de la voix qu’elle entend.
Second processus altéré : le cerveau entendrait des sons – la petite voix que nous avons tous dans la tête – plus intensément qu’il ne le devrait.
Voilà pourquoi, selon les auteurs, les personnes souffrant d’hallucinations auditives peuvent « entendre » des sons sans stimuli externes. « Cibler à l’avenir l’altération de ces deux processus pourrait conduire à de nouveaux traitements », concluent-ils.