Industrie pharmaceutique : réindustrialiser et… recruter

Industrie pharmaceutique : réindustrialiser et… recruter

Relocalisation, réindustrialisation, mythe ou réalité ?

« Au cours des vingt dernières années, la France a beaucoup perdu en compétitivité », explique Arnaud Chouteau, directeur emploi/formation au Leem. « Il y a 20 ans nous étions le premier producteur de médicaments en Europe. Aujourd’hui, nous occupons le sixième rang, derrière la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Il y a donc eu une perte de compétitivité de la France par rapport à ses voisins proches. »

Pourtant depuis la crise sanitaire du COVID, les notions de relocalisation et de réindustrialisation ont été particulièrement mises en avant. « Il est vrai que les investissements s’accélèrent, notamment en lien avec des augmentations de capacités de production de chaînes déjà existantes, de robotisation, d’automatisation et de productivité. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec près de 7 milliards d’euros d’investissements industriels, dans la période 2022-2025. « Autre bonne nouvelle, les projets actuels et futurs sont répartis sur tout le territoire : Centre-Val de Loire (2,7 milliards), Auvergne-Rhône-Alpes (1,8 milliard), Hauts-de-France (1 milliard) Normandie (800 millions), Grand Est (700 millions). La diversité géographique est une force. »

Au total selon Arnaud Chouteau, ces investissements vont créer 5 000 emplois directs : techniciens, ingénieurs, pharmaciens, assureurs qualité, etc. « Par exemple l’an dernier entre les créations et les remplacements, nous avons réalisé 16 000 recrutements. »

Quels besoins en main-d’œuvre ? 

Si les investissements sont essentiels, la réindustrialisation nécessite également de disposer de tous les talents dans l’ensemble des territoires. « Nous avons besoin de recruter des profils variés. L’industrie pharmaceutique rassemble plus de 150 métiers : des ingénieurs en robotique et numérique, des pharmaciens, des responsables contrôle qualité, des techniciens…  Toute la chaîne du médicament est concernée : la recherche et le développement, la production, la distribution, l’information médicale, les aspects réglementaires. »

Pour Arnaud Chouteau, « le recrutement est donc une priorité, tout comme la formation. À moyen et long terme, nous devons garantir la disponibilité des formations nécessaires sur tout le territoire pour répondre aux besoins futurs. Cela implique un travail étroit avec les écoles, les universités et l’éducation nationale, tant pour l’identification des diplômes que pour la mise en place de formations adaptées. »

Pour réussir à trouver les talents nécessaires, il est essentiel de travailler sur plusieurs fronts simultanément. « A court terme, il est crucial de recruter des talents existants. Pour ce faire, nous nous concentrons sur les personnes en reconversion et les demandeurs d’emploi. Nous établissons des partenariats avec le service public de l’emploi, notamment France Travail et l’Apec, pour organiser divers forums de recrutement et rencontres. A moyen et long terme, nous travaillons également sur les relations écoles-entreprises, en organisant plus de trente événements avec des universités et des écoles pour toucher les étudiants, mais aussi les lycéens afin de leur parler des formations et des métiers. »

Une semaine et 150 événements

La semaine des métiers de l’industrie pharmaceutique, organisée du 7 au 12 octobre 2024, sera ainsi l’occasion d’aller au plus près des territoires. « Nous allons créer 150 événements à travers tout l’Hexagone pour recruter via des forums, des job dating, et des actions spécifiques, notamment pour les personnes en situation de handicap. Nous prévoyons également une quarantaine d’événements axés sur le recrutement, organisés directement dans les agences de France Travail. L’objectif c’est vraiment d’aller à la rencontre du public pour expliquer qui nous sommes et nos besoins en matière de talents et de recrutement. »

Pour tout savoir sur la Semaine des métiers de l’industrie pharmaceutique, vous pourrez identifier rapidement via une carte interactive, l’ensemble des événements sur https://www.semainedelapharma.leem.org/.

L’emploi dans les entreprises du médicament en France en 2022 

106 038 salariés ;
près de 16 000 recrutements tous contrats confondus ;
9 600 alternants formés ;
les femmes représentent 56 % des effectifs ;
35 400 personnes travaillent dans les métiers de production (37 % des effectifs) ;
les métiers de la R&D rassemblent 12 000 personnes.