Tramadol et codéine : une ordonnance sécurisée obligatoire

Tramadol et codéine : une ordonnance sécurisée obligatoire

Dès le 1er décembre, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine devront être prescrits au moyen d’une ordonnance sécurisée, a annoncé jeudi 26 septembre l’Agence de sécurité du médicament (ANSM). Comme pour le tramadol, la durée maximale de prescription de la codéine ne pourra pas dépasser 12 semaines. Passé ce délai, la poursuite du traitement nécessitera une nouvelle ordonnance.

Ces médicaments sont indiqués dans le traitement des douleurs modérées à sévères et dans le traitement des toux sèches pour certains médicaments codéinés. Mais le tramadol et la codéine, appartenant à la famille des opioïdes, sont associés à des risques de dépendance, de surdosage, d’abus et de mésusage. Ces mesures concernent également la dihydrocodéine, un opioïde indiquée dans le traitement des douleurs modérées à sévères.

Pourquoi un renforcement de la réglementation ?

Si la situation française est sans commune mesure avec la crise des opioïdes qui sévit aux Etats-Unis, l’abus des opioïdes et leur usage détourné sont toutefois pris très au sérieux par les spécialistes. L’ANSM a plusieurs fois renforcé leur réglementation. Ainsi, depuis 2017, tous les médicaments contenant de la codéine sont soumis à une prescription médicale. Dès avril 2020, la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol était réduite à 12 semaines. En outre, il a été demandé aux industriels de fabriquer des boîtes contenant moins de comprimés, adaptées aux traitements de courte durée. Mais ces mesures n’ont pas été suffisantes. « Les enquêtes de pharmacodépendance et d’addictovigilance montrent la persistance des cas de mésusage (abus, surdosages), de dépendance et de présentation d’ordonnances falsifiées pour ces médicaments », justifie l’ANSM.

Que disent les enquêtes ?

Selon les enquêtes de pharmacodépendance et d’addictovigilance, depuis plusieurs années, de plus en plus de sujets déclarent le tramadol comme 1er produit ayant entraîné la dépendance (68 sujets en 2023 versus 4 en 2013). La codéine se place en quatrième position, derrière la morphine, le tramadol, l’oxycodone et la codéine.

En 2022, sur les 3 629 ordonnances suspectées de falsification, le tramadol concernait 17,3 % d’entre elles, la codéine antitussive 15,8 %. « Le tramadol seul ou en association au paracétamol est en augmentation par rapport à 2022 avec 457 mentions », note l’enquête sur les ordonnances suspectes d’addictovigilance.fr.

C’est quoi une ordonnance sécurisée ?

Une ordonnance sécurisée doit être infalsifiable. Elle concerne les médicaments à risque élevé de dépendance ou d’abus. Il s’agit de stupéfiants ou des médicaments soumis à une réglementation stricte. Les carnets d’ordonnanciers sécurisés doivent être commandés auprès des imprimeurs certifiés Afnor pour répondre aux exigences du Code de la santé :

papier filigrané blanc naturel sans azurant optique (1 caducée complet et 2 incomplets) ;
mentions préimprimées en bleu permettant d’identifier le professionnel prescripteur ;
un carré de sécurité composé de micro-lettres ;
grammage minimum à 77 g/m2 ;
présence de carré en micro-lettres.

Le prescripteur devra y inscrire en toutes lettres le dosage, la posologie, et la durée de traitement.

Quelles recommandations supplémentaires ?

L’ANSM demande aux prescripteurs :

de prescrire ces médicaments sur les durées les plus courtes possible (3 à 14 jours pour les douleurs aiguës, un traitement réévalué tous les trois mois pour les douleurs chroniques) ;
d’arrêter progressivement les traitements afin d’éviter un syndrome de sevrage ;
d’utiliser les opioïdes avec précaution chez les patients épileptiques.

A l’adresse des patients, l’ANSM demande :

de respecter la posologie et l’intervalle entre les prises ;
de ne pas arrêter brusquement le traitement ;
de ne jamais proposer le traitement à une autre personne ;
de contacter les secours si une personne a ingéré du tramadol ou de la codéine qui ne lui était pas destiné