JO 2024 : le « blues post-olympique », le revers de la médaille
Durant 2 semaines, les regards du monde entier étaient tournés vers la capitale française. Des regards fascinés par des athlètes exprimant toutes les émotions : stress, joie, excitation, déception… Autant d’états psychologiques, aboutissements d’années de préparation. L’accomplissement d’une vie difficile à assumer pour certains sportifs, au moment de rentrer à la maison.
Récemment, le quintuple champion olympique de natation Michael Phelps révélait avoir connu des difficultés psychologiques à la fin de chaque Jeux. « Cela a commencé en 2004 après Athènes », expliquait-il en 2022 à la chaîne américaine NBC. « Après un tel moment d’euphorie, c’est comme si on était au bord du gouffre, et qu’on se disait : C’est cool, et maintenant ? Je vais devoir attendre quatre ans de plus pour avoir la chance de le refaire ? »
Et l’exemple n’est pas isolé. Avant de revenir en forme aux JO de Paris, la gymnaste Simone Biles avait craqué et abandonné les Jeux de Tokyo en 2021, afin de « préserver sa santé mentale ».
Pour la psychologue du sport, Karen Howells, « il est normal que lorsque nous nous préparions à quelque chose et que cela se termine, nous nous sentions perdus et bouleversés, en colère, frustrés ou irrités. »
Un athlète sur trois
Si ce phénomène est mis en évidence par les athlètes eux-mêmes, il demeure encore peu étudié. Un travail conduit par la University of Southern Denmark en 2023 révèle néanmoins qu’après une olympiade, 27 % des athlètes déclarent un bien-être inférieur à la moyenne et 16 % ressentent des symptômes modérés à sévères de dépression. Par ailleurs, comme l’expliquent les auteurs, « les sportifs qui n’ont pas réussi à atteindre leurs attentes en matière de performance ont tendance à rapporter davantage d’expériences négatives après les Jeux ».
Quels symptômes ?
Interrogé par la chaîne CNN, le Dr Cody Commander, responsable de la santé mentale de l’équipe américaine pour les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 explique que « l’appétit et le sommeil sont les premiers éléments qui peuvent changer. Un retrait social peut également se manifester. C’est plus courant chez les athlètes d’élite aujourd’hui : ils ne répondent pas aux SMS, aux e-mails et aux appels. »
Une problématique souvent mise au jour tardivement, bien après la fin des épreuves. Certains athlètes n’osant pas exposer leurs états d’âme au moment de la préparation. C’est pourquoi, en 2023, le Comité international olympique a mis en place un plan d’action pour la santé mentale des sportifs. L’accent est mis sur le bien−être des athlètes et la promotion d’environnements psychologiquement sûrs.