Sexualité : et si la pénétration n’était plus l’alpha et l’oméga ?
Un grand nombre de femmes ne parvient pas à obtenir d’orgasme si le rapport sexuel se compose essentiellement de la pénétration. Les caresses et les autres jeux sexuels que l’on a longtemps qualifiés de préliminaires sont parfois plus efficaces et satisfaisants. Or justement, ils peuvent être autre chose que de simple « prémisses » à l’acte de la pénétration. Ils sont en réalité des actes à part entière pouvant composer un rapport sexuel plein et entier en dehors de la pénétration vaginale par le pénis.
D’autant que, comme le rapportait sur France Inter, Martin Page, l’auteur de Au-delà de la pénétration, « un médecin me disait que les hommes sont vraiment stupides de se focaliser sur la pénétration parce que fatalement, à 60-70 ans, ils vont arrêter d’être facilement en érection et pour autant ils continueront bien à s’épanouir autrement ». Il serait donc intéressant de s’écarter de la pénétration en tant qu’élément principal pour se découvrir de façon plus libre.
En finir avec la domination
Par ailleurs, il est aussi recommandable de sortir de cette injonction dans laquelle la pénétration est colorée d’une notion de domination. L’évolution des points de vue en matière de genre, de droits des femmes et de sexualité a d’ailleurs déjà permis des changements dans les comportements sexuels. Ainsi, les Européennes sont de plus en plus nombreuses à avoir pénétré leur partenaire masculin. Car « l’exploration du versant anal de la sexualité va aussi de pair avec des pratiques anales où (les femmes ndlr) sont actives », informe ainsi le Panorama de la sexualité des Européennes à l’heure du Covid-19 par l’Observatoire européen de la sexualité féminine en 2021. Une pratique considérée là encore comme « active » pour le partenaire « pénétrant ».
Pour aller encore plus loin dans la déconstruction, il est aussi possible d’inverser les rôles traditionnels et de considérer la pénétration comme un acte passif. Comment cela ? Inventé en 2016 par l’artiste Bini Adamczak, et popularisé en France en 2019 par Martin Page, le terme de « circlusion » consiste à « enfiler, enserrer ou engloutir » un pénis dans son vagin ou son rectum – pratique qui devient alors l’acte actif dans l’acte sexuel. Ce qui permettrait ainsi d’éliminer la notion de domination systématique de la femme par l’homme. Et donc d’ouvrir le champ des possibles pour les partenaires.