Comment fonctionne le cycle du désir au sein du couple ?
Quelles sont les principales étapes du « cycle du désir » ?
Dr Damien Mascret : Tout d’abord, il est nécessaire d’être disponible pour la sexualité, mentalement, émotionnellement et physiquement. Lorsque les deux partenaires ne sont pas sur le même rythme, il faut laisser le temps au désir sexuel dit « réactionnel » de se développer pour entrer pleinement dans l’acte sexuel.
Ensuite, il est important de recevoir des stimulations adaptées, correspondant à ce que l’on aime. Les couples doivent trouver un terrain d’entente sur les pratiques sexuelles pour que chacun puisse éprouver du plaisir. Il est essentiel de rester dans le plaisir ou, au moins, dans la neutralité, et surtout pas dans le déplaisir.
La phase suivante (« phase d’excitabilité ») est celle de l’excitation, liée aux pratiques mais aussi au fait d’être capable de laisser de côté les sentiments de culpabilité, les tabous, le manque d’estime de soi et les complexes qui pourraient entraver l’excitation. Il est important de se libérer de l’idée de jugement du regard de l’autre pour que l’excitation puisse réellement monter. Enfin, il faut être capable de lâcher prise, ce qui implique d’avoir confiance en son partenaire et d’être présent dans l’instant. Les distractions et les pensées intrusives doivent être évitées.
Quand le cycle du désir peut-il s’enrayer ?
Dr Mascret : La satisfaction qui en résulte n’est pas seulement sexuelle, avec ou sans orgasme, mais également émotionnelle, liée au moment partagé et à la satisfaction du partenaire. C’est important, non seulement parce que le partenaire doit être satisfait, mais aussi parce que chacun doit être satisfait pour son propre plaisir et celui de l’autre. L’oubli de son propre plaisir prive le partenaire du plaisir « miroir » et peut désamorcer le cycle du désir.
Si tout se passe relativement bien, cela alimente la motivation sexuelle pour les futurs rapports. En cas d’échec, occasionnellement, ce n’est pas grave, mais si cela devient régulier, le cycle du désir s’enraye.
Tout couple est-il un jour confronté à un « désamorçage » du cycle du désir ?
Dr Mascret : Dans tous les couples, il y a inévitablement des phases où l’un ou les deux partenaires connaissent une perte de désir (lire l’article Perte du désir dans le couple, quels sont les signes qui ne trompent pas ?). Parfois, le manque de désir de l’un peut entraîner la perte de celui de l’autre, comme une forme de protection contre les remises en question personnelles. Ces étapes peuvent être influencées par divers événements de la vie, comme des traitements médicaux, la fatigue, des problèmes de santé, ou des événements traumatiques, ou même passés dans le couple, notamment des infidélités ou des violences non sexuelles, qui peuvent interférer avec la disponibilité émotionnelle.
Il y a aussi des périodes où les raisons derrière ces fluctuations sont plus difficiles à expliquer, car elles relèvent parfois de la « boîte noire » de notre cerveau. Certaines personnes l’acceptent avec philosophie, tandis que d’autres cherchent activement des solutions. J’invite les couples à consulter, soit individuellement soit ensemble, pour débloquer la situation. En effet, ces phases ne se résolvent souvent pas d’elles-mêmes. Mais une fois que les couples traversent ces phases et apprennent à communiquer, cela peut raviver le cycle du désir.
Mais rien n’est gagné car la routine est fatale pour la sexualité ?
Dr Mascret : On a trop oublié l’importance de l’excitation sexuelle et du plaisir de l’acte sexuel, mais aussi de l’orgasme. Pour que l’activité sexuelle reste excitante pour notre cerveau, alors en compétition avec d’autres activités comme lire un bon livre, regarder une série télévisée ou simplement dormir, il est essentiel de renouveler et de rendre le sexe excitant, que l’on s’y consacre et qu’on le renouvelle.
Un des facteurs clés qui peut étouffer cette excitation est le manque de nouveauté et de renouvellement. C’est pourquoi dans mon livre * je propose de nombreux tests sur les pratiques sexuelles, pour les envisager, pour explorer ce qui peut exciter individuellement et pour partager avec son partenaire. Pour retrouver le côté ludique de la sexualité. Il est important que chacun réfléchisse aux pratiques qui peuvent l’exciter, en considérant aussi l’aspect relationnel et émotionnel de la sexualité. Lorsque l’on fait les tests, on est toujours surpris des réponses de son/sa partenaire.
C’est la redécouverte de la « personnalité érotique ». Explorer ces terrains inexplorés peut révéler des aspects excitants et enrichissants de la relation. La nouveauté n’implique pas nécessairement des choses compliquées, mais plutôt d’aller ensemble là où nous n’avons pas encore exploré.
En résumé, la monotonie tue l’excitation. La nouveauté et l’exploration, dans le respect et la compréhension mutuels, peuvent raviver le désir et enrichir la relation pour les deux partenaires.
D’autres conseils pour recharger ses « batteries du désir » ?
Dr Mascret : Il est essentiel de prendre soin de soi-même, de son corps et des plaisirs sensoriels en général. Ca tombe bien, nous sommes en été et même peut-être en vacances. Cela peut aller du simple fait de profiter du soleil, de se faire masser ou d’appliquer de la crème solaire, à nager ou danser pour se faire plaisir physiquement. De plus, prendre soin de sa séduction est crucial. En parlant du désir sexuel spontané, il s’agit non seulement d’avoir envie de sexe mais aussi d’être attiré par son partenaire. Cultivez votre attractivité, adoptez un comportement séduisant, comportez-vous comme au début de votre relation. Il faut y investir du temps. De plus, être regardé de cette manière est également un stimulant puissant pour sa propre excitation.
* Ouvrage « Le cycle du désir : 7 clés pour retrouver son instinct érotique » (Éditions du Faubourg) par le Dr Damien Mascret