Allergie alimentaire : attention au harcèlement scolaire !
Une étude présentée au cours du congrès 2024 de la Société française d’allergologie (Paris) lève le voile sur un phénomène encore peu connu : l’importance du harcèlement scolaire chez les enfants souffrant d’allergies alimentaires. Alors que la prévalence de ces dernières est en constante augmentation, évaluée à 5-7 % en 2021 en France, celle du harcèlement scolaire est estimée à 18 % (rapport PISA 2018). On sait que les maladies chroniques sont un facteur de risque de harcèlement pour les enfants, mais le cas particulier des allergies alimentaires était jusqu’à présent peu documenté.
40 % des collégiens allergiques alimentaires se disent harcelés
Pour avoir une idée de l’ampleur du problème, une étude a été réalisée de janvier à juillet 2023 auprès de collégiens suivis pour une allergie alimentaire dans cinq centres hospitaliers d’allergologie en Île-de-France. 68 collégiens ont rempli des questionnaires spécifiques sur les allergies ainsi que sur le harcèlement scolaire (questionnaire révisé rBVQ d’Olweus).
Les résultats sont édifiants : 39,7 % ont rapporté avoir été victimes de harcèlement scolaire. Parmi eux, 29,6 % ont estimé que le harcèlement était lié à leur allergie. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que près de 6 % ont signalé avoir été forcés à manipuler l’aliment auquel ils sont allergiques. Quelques études avaient déjà observé ce risque. Les allergènes les plus courants que ces enfants étaient forcés de toucher étaient l’arachide et les fruits à coque, alors qu’ils avaient pourtant vécu par le passé des réactions souvent sévères, dans 42 % des cas (anaphylaxies). Ces enfants allergiques victimes de harcèlement fréquentaient la cantine, pour 70 % d’entre eux, avec une trousse d’urgence contenant de l’adrénaline.
Une grande vigilance
Le Dr Marine Lelot, unité d’allergologie adultes-enfants (Grand Hôpital de l’Est Francilien), principale investigatrice, explique : « notre étude sur les collégiens d’Île-de-France montre que l’allergie est corrélée à un risque accru de harcèlement, augmentant le fardeau psychologique de la maladie. La particularité de ce harcèlement réside dans le fait qu’il implique parfois un risque d’exposition à l’allergène et donc de réaction sévère. Bien que cette étude nécessite d’être reproduite à grande échelle, elle montre la nécessité d’une évaluation systématique du harcèlement scolaire dont peuvent être victimes nos patients allergiques et d’une prise en charge spécifique. »