Pour notre santé, tous à vélo !

Pour notre santé, tous à vélo !

Dans les pays occidentaux comme la France, 40 % des personnes souffrent de maladies liées à une faible activité physique, ce qui représente environ 10 % des décès. Mais les Français n’ont pas la culture du vélo : ils pratiquent en moyenne 7 à 8 minutes de vélo par semaine, soit 5 à 10 fois moins que les Néerlandais de plus de 75 ans ! De plus, trois-quarts des cyclistes en France sont des hommes.

1h40 de vélo hebdomadaire réduit le risque de décès de 10 %

Selon Kévin Jean, chercheur dans l’unité Pasteur-Cnam sur les risques infectieux et émergents, « pratiquer 1h40 de vélo par semaine réduit le risque de décès de 10 % ». Cette affirmation repose sur une analyse de la littérature scientifique concernant le lien entre l’activité physique et les événements de santé. L’étude* de l’unité PACRI – Pasteur-Cnam risques infectieux et émergents, qu’il a dirigée, s’appuie sur ce constat de base. Quels en sont les résultats ?

Pédaler, c’est…

– 2000 décès et 6000 cas de maladies chroniques évités (diabète de type 2 et maladies cardiovasculaires, principalement). Malgré une activité cycliste relativement faible chez les Français et les Françaises (en moyenne 1 minute et 17 secondes de vélo par jour en 2019 pour les 20-89 ans, avec une importante hétérogénéité selon le sexe et l’âge), leur pratique a totalisé 5 milliards de kilomètres. Ce niveau d’activité permet déjà d’éviter 1 919 décès prématurés par an et 5 963 cas de maladies chroniques, les hommes bénéficiant de près de 75 % de ces avantages. De plus, « si les Français effectuaient à vélo les 25 % des trajets de moins de 5 km actuellement effectués en voiture, cela permettrait de prévenir 2 000 décès supplémentaires et d’économiser 2,5 milliards d’euros », explique Kevin Jean.

200 millions d’euros de dépenses annuelles en moins pour l’Assurance Maladie. « Chacune de ces maladies est associée à des dépenses de santé et on estime ainsi que notre pratique du vélo en 2019 permettait d’éviter une dépense de 191 millions d’euros par an pour l’Assurance maladie », chiffre Kévin Jean. Les bénéfices estimés dans l’étude sont probablement sous-évalués. D’une part, la pratique du vélo a considérablement augmenté depuis la période de la Covid-19. D’autre part, certaines pathologies telles que la dépression n’ont pas été prises en compte.

– Près de 5 milliards d’euros d’économie en coûts sociaux. Pour évaluer les décès évités, les économistes se réfèrent aux « coûts sociaux » de santé. En France, la valeur courante est d’environ 3 millions d’euros par décès évité. Par conséquent, selon l’étude, la pratique du vélo permet d’économiser 4,8 milliards d’euros chaque année en France. Chaque kilomètre parcouru à vélo permet d’éviter 1 euro de coûts sociaux de santé.

– Des centaines de milliers de tonnes de CO2 non émises dans l’atmosphère. En plus de ces avantages, la pratique du vélo entraîne des bénéfices climatiques, avec une réduction de plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2 émises (0,257 MtCO2). Cette diminution est comparable à celle obtenue en 2015-2016 grâce au crédit d’impôt pour l’efficacité énergétique dans la rénovation thermique des logements.

Sans volonté des pouvoirs publics… les vélos resteront au garage

La pratique du vélo à tout bon. Encore faut-il inciter les individus à enfourcher une bicyclette, à les sécuriser sur des pistes cyclables, mettre à leur disposition des parkings dédiés, etc. Quant aux vélos partagés, dont les Franciliens comme les autres se plaignent d’une expérience catastrophique, la pénurie de vélos est criante (quand ils sont en bon état !) et les stations d’accueil sous-dimensionnées, comme le décrivait une journaliste pour SLATE en novembre 2023. De plus, depuis la pandémie de Covid-19, l’utilisation des voies cyclables a considérablement augmenté. Aux heures de pointe, certains axes majeurs de la capitale voient désormais plus de vélos que de voitures, avaient pointé les Décodeurs du journal Le Monde en novembre 2023. Selon les derniers chiffres, le vélo représentait en 2021 5,6 % des déplacements dans Paris, contre 9 % pour la voiture.

* Ce travail a associé le laboratoire de Modélisation, épidémiologie et surveillance des risques sanitaires du Conservatoire national des arts et métiers et l’unité d’Épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur.