Vitamines, prébiotiques durant la grossesse : utiles pour prévenir les allergies chez l’enfant ?
Les allergies touchent 30 à 40 % de la population mondiale et probablement 50 % d’ici à 2050 estime l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ces maladies multifactorielles sont liées aux dysfonctionnements de trois grands acteurs biologiques – le microbiote, les muqueuses et le système immunitaire – conduisant à un défaut de l’établissement de la tolérance immunitaire.
Ces grands systèmes se mettent en place au cours des 1000 premiers jours de la vie, c’est-à-dire de la conception aux deux ans de l’enfant. L’environnement, dont l’alimentation de la mère, joue un rôle majeur dans leur maturation, influençant ainsi l’apparition ou la prévention des maladies inflammatoires chroniques telles que les allergies. Les interventions nutritionnelles pendant la grossesse sont donc explorées par de nombreux chercheurs.
Nombreuses associations entre nutriments, régimes et réduction des allergies
« Les données des études en population (observationnelles) ont suggéré que certains nutriments, aliments et régimes alimentaires seraient probablement associés à une réduction de l’apparition des allergies », résume le Dr Marie Bodinier, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Nantes). Par exemple, la vitamine A a été impliquée dans la réduction de la rhinite allergique, la vitamine D dans l’asthme, la rhinite allergique et la sensibilisation allergique, la vitamine C dans l’allergie alimentaire et la sensibilisation allergique, la vitamine E dans l’eczéma et l’asthme, le calcium et le magnésium dans l’eczéma, etc. Les aliments contenant des produits laitiers et les probiotiques seraient associés à une réduction de l’eczéma et de la rhinite allergique, le régime méditerranéen à une réduction de l’asthme, de la respiration sifflante et de la sensibilisation allergique et, enfin, la consommation de fruits et légumes a été reliée à une moindre apparition de l’asthme et de l’eczéma.
Interventions nutritionnelles pendant la grossesse : échec
Mais comme en matière de preuves scientifiques seuls comptent les essais randomisés et contrôlés, plusieurs de ce type ont été conduits ou sont en cours chez les femmes enceintes, notamment avec des apports en acides oméga-3, en vitamines C, E et D et en probiotiques. Cependant, les résultats restent à ce stade très décevants vis-à-vis de l’ensemble des manifestations allergiques.
Les chercheurs ne comptent pas s’en tenir à ces résultats. Marie Bodinier a présenté au 19e congrès francophone d’allergologie à Paris en avril dernier des résultats de PREGRALL, la première étude évaluant l’effet d’une supplémentation en prébiotiques (galacto-oligosaccharides et inuline) pendant la grossesse (de 20 semaines d’aménorrhée jusqu’à l’accouchement) dans l’optique de prévenir la dermatite atopique chez l’enfant à l’âge d’un an.
376 femmes enceintes, toutes allergiques, ont donc été recrutées dans quatre centres hospitaliers français. Au final, « si la supplémentation en prébiotiques n’a pas permis de prévenir l’apparition de la dermatite atopique chez l’enfant à un an, reconnait la chercheuse, cela a modulé la composition du microbiote intestinal et l’immunité de la mère, avec des effets transmis à l’enfant en début de vie. » Cette stratégie pourrait ainsi produire un effet à plus long terme sur la prévention d’autres maladies atopiques.
A ce jour, pas de supplémentation ou de régime pour diminuer le risque allergique
Les recherches se poursuivent, notamment parce qu’une question reste en suspens : les résultats décevants obtenus jusqu’alors pourraient être dus à l’absence d’une approche standardisée en matière de supplémentation, de doses, de durée et de maladies visées.
Vous l’aurez compris, pour l’instant, pas question de se supplémenter dans l’optique de prévenir une manifestation allergique chez son futur enfant !