Le yoga, des preuves contre l’insuffisance cardiaque
Le yoga axé sur la respiration, la méditation et la relaxation est associé à une amélioration des symptômes chez les patients atteints d‘insuffisance cardiaque, selon une recherche présentée cette semaine au Heart Failure congress 2024, un congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie (ESC).
Dans l’insuffisance cardiaque, la pompe cardiaque ne travaille pas suffisamment, d’où un débit sanguin qui ne satisfait pas les besoins de l’organisme. Ceci se répercute sur l’ensemble des organes, rénaux, digestifs ou musculaires. Cette maladie chronique, fréquente – affectant au moins 1% de la population et jusqu’à 10% au-delà de 75 ans, soit 1,5 million de Français– peut être handicapante et ponctuée d’épisodes de décompensation nécessitant une hospitalisation.
Des améliorations cardiaques vues à l’échocardiographie
Une nouvelle étude menée en Inde fournit des informations sur les effets à moyen terme du yoga (1 an), suggérant que cette activité pourrait être une thérapie complémentaire aux médicaments chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque. 85 patients ayant subi une intervention cardiaque au cours de la dernière année, ont été répartis entre groupe yoga et groupe témoin.
Tous les participants ont continué de prendre des médicaments recommandés pour l’insuffisance cardiaque. Les instructeurs expérimentés du Département de Yoga de l’hôpital ont enseigné le pranayama (travail respiratoire yogique), la méditation et les techniques de relaxation aux patients du groupe yoga. La pratique des participants a été supervisée pendant une semaine, puis ils ont été invités à la poursuivre chez eux une fois par semaine pendant 50 minutes, suivie d’un debrief systématique avec un instructeur chargé d’évaluer les progrès.
Au départ, puis à six mois et à un an, les chercheurs ont évalué la structure et la fonction cardiaques dans les groupes yoga et témoin en utilisant l’échocardiographie. Les mesures comprenaient la capacité du cœur à pomper le sang (fraction d’éjection ventriculaire gauche) et l’évaluation de la fonction du ventricule droit. Les chercheurs ont également examiné la pression artérielle, la fréquence cardiaque, le poids corporel et l’indice de masse corporelle. La charge liée aux symptômes et la capacité à effectuer des activités ordinaires telles que la marche et la montée d’escaliers ont été évaluées.
La bonne prescription : médicaments et yoga
Comparé au groupe témoin, le groupe yoga a démontré des améliorations significativement plus importantes dans toutes les mesures par échographie cardiaque, à six mois et à un an. « Les patients qui pratiquaient le yoga en plus de prendre leurs médicaments se sentaient mieux, pouvaient pratiquer davantage d’activité physique ordinaire, et avaient des cœurs plus forts (meilleure fraction d’éjection ventriculaire gauche, etc.) que ceux qui prenaient uniquement des médicaments pour leur insuffisance cardiaque », a déclaré l’auteur de l’étude, le Dr Ajit Singh (Kasturba Medical College & Académie de l’enseignement supérieur de Manipal, en Inde). Le yoga peut ne pas convenir aux patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère, qui étaient d’ailleurs exclus de l’étude.
Des publications antérieures avaient déjà montré les bienfaits à court terme du yoga chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque. Certains d’entre eux présentent des changements dans le système musculosquelettique et une faiblesse des muscles inspiratoires. Ces derniers peuvent être restaurés par un entraînement des muscles inspiratoires, augmentant ainsi leur force et leur endurance, la consommation maximale d’oxygène (VO2 max), la capacité fonctionnelle, les réponses respiratoires à l’exercice, et la qualité de vie, que l’insuffisance cardiaque soit avec fraction d’éjection réduite ou préservée. Une étude avait également pointé un effet positif de la pratique régulière du yoga sur les niveaux de marqueurs inflammatoires.