Cancer du poumon : bientôt un dépistage organisé par scanner faible dose ?
Le cancer du poumon est l’un des cancers les plus fréquents en France mais aussi le plus meurtrier avec 52 777 nouveaux cas en 2023 et 33 100 décès estimés en 2018. Alors que la tendance est à une légère baisse chez l’homme, le nombre de cas a explosé chez les femmes, + 4,3 % par an. Souvent diagnostiqué à un stade tardif, alors qu’aucun traitement curatif n’est encore possible, il est l’un des cancers de plus mauvais pronostic avec un taux de survie de 17 % à 5 ans. « La survie à 5 ans n’est ainsi que de 4 % pour une détection au stade IV de ce cancer, stade auquel il est aujourd’hui diagnostiqué dans 40 % à 55 % des cas », rapportait la Haute autorité de santé en 2022. Dans ce contexte, un dépistage précoce permettrait d’améliorer les chances de survie des patients en leur proposant des traitements curatifs.
Mais contrairement aux cancers colorectaux, cancers du sein et cancers du col de l’utérus, il n’existe aucun programme de dépistage organisé du cancer du poumon en France. Ce que regrette notamment le collectif « Ensemble nous poumons », composé de professionnels (oncologues, radiologues, chirurgiens thoraciques) et associations de patients. En ce vendredi 31 mai, Journée mondiale sans tabac, le collectif donne un coup de projecteur sur le dépistage du cancer du poumon en France, où 25 % des adultes fument quotidiennement (7 points de plus que la moyenne européenne) alors que le tabac est responsable de huit cancers du poumon sur dix.
Le scanner faible dose
Le dépistage organisé du cancer du poumon avait été exclu par la HAS en 2016 qui est revenu sur cet avis en 2022. Elle préconisait alors le lancement d’un programme pilote sous l’égide de l’Institut national du cancer, l’INCa. Plusieurs études, dont deux majeures, ont notamment mis en lumière les bénéfices du dépistage par scanner faible dose, technique d’imagerie sans injection, également appelée tomodensitométrie. La première, l’étude américaine NLST en 2011 a montré une baisse de la mortalité de 20 % par rapport à la radiographie thoracique. Puis l’étude NELSON, publiée en 2020 et menée en Belgique et aux Pays-Bas, a montré, grâce au dépistage précoce, une baisse de la mortalité de 24 % chez les hommes et 48 % chez les femmes.
Ainsi, plusieurs techniques sont actuellement à l’étude, notamment le scanner à faible dose, méthode sur laquelle est basée l’étude pilote de l’INCa (Etude Cascade). Beaucoup moins irradiant que le scanner classique, il permet en outre « de détecter des nodules cancéreux précoces de manière plus précise et plus fiable que la radiographie », avance le collectif « Ensemble nous poumons ». L’étude Cascade porte sur 2 400 femmes âgées de 50 à 74 ans, fumeuses ou ex-fumeuses (depuis moins de 15 ans) sans symptôme thoracique. Le recours à l’intelligence artificielle comme soutien à l’expertise des professionnels pour détecter les nodules sur des images de scanner est testé dans cette étude.
L’analyse des composés organiques volatils
Le projet européen Pathacov teste l’analyse des composés organiques volatils contenus dans l’haleine pour le diagnostic précoce des cancers broncho-pulmonaires, une technique non-invasive qui pourrait être réalisée hors des milieux hospitaliers et des laboratoires. « Les COVs sont des composés organiques issus du métabolisme cellulaire et détectables dans l’air expiré. Leur nature varie lorsqu’apparaît une pathologie ou sous l’influence d’un traitement pharmacologique », explique le site du projet.
La biopsie liquide
Pratiquée sur un échantillon de sang, de salive ou d’urine, cette technique permet de détecter les marqueurs biologiques du cancer du poumon à partir des cellules, ADN ou micro-ARN de la tumeur circulant dans le corps. Peu invasive, cette technique pourrait permettre de dépister plusieurs cancers à la fois.
Organisé depuis 2013 aux Etats-Unis, l’idée d’un dépistage organisé du cancer du poumon chez les gros fumeurs progressent dans de nombreux pays. En Europe, la Croatie, pionnière en la matière, a lancé son programme en 2020, suivie par le Royaume-Uni en 2022. En France, une quinzaine de programmes sont en cours.