10 jours sans écran : 65 000 élèves relèvent le défi
Près de 65 000 élèves se sont portés volontaires. Tous s’engagent, à partir du 14 mai, à se passer des écrans durant 10 jours. Télévisions, consoles de jeu, tablettes, smartphones sont proscrits jusqu’au 23 mai. Un défi pas si simple à relever quand on sait que les enfants sont en moyenne exposés à 10 écrans par foyer.
Le défi, lancé en 2003, prend de l’ampleur en France depuis 2018. Pour cette édition 2024, 490 établissements scolaires y participent.
Durant 10 jours, les enfants doivent éviter les écrans. En contrepartie, les professeurs et parents impliqués s’engagent à leur proposer des activités durant cinq temps de la journée habituellement dédiés aux écrans : le matin avant d’aller à l’école, à midi, en rentrant de l’école, pendant le dîner ou avant d’aller se coucher. Chaque élève tient un journal de bord et comptabilise un point à chaque temps de la journée passé sans écran. A la fin, on cumulera les points de la classe ou de l’école pour obtenir son score.
Les objectifs sont multiples : réduire la violence physique et verbale, améliorer le climat scolaire et familial, prendre soin de sa santé physique et mentale, et reprendre le contrôle sur les nouvelles technologies.
Les effets délétères sur la santé
Le défi fait écho au récent rapport d’experts remis fin avril à Emmanuel Macron, visant à évaluer les enjeux liés à l’exposition des enfants aux écrans. Si leurs effets déprendront du temps passé devant un écran, de l’âge de l’enfant, de l’utilisation qui en est faite et d’autres facteurs environnementaux, un consensus se dégage sur leurs conséquences délétères. Les auteurs du rapport citent, sur le plan de la santé :
les déficits de sommeil;
la sédentarité et le manque d’activité physique ;
l’obésité ;
l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent ;
les problèmes de vue (développement de la myopie et risques possibles pour la rétine, liés à l’exposition à la lumière bleue).
Ils pointent également de possibles effets de l’exposition aux ondes électromagnétiques et aux substances présentes dans les terminaux numériques, reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens (notamment durant la grossesse).
Concernant les réseaux sociaux, la commission écrit : « l’utilisation des réseaux sociaux, semble être, au-delà des bénéfices qu’ils peuvent apporter, des facteurs de risque supplémentaires lorsqu’il y a une vulnérabilité préexistante chez un enfant ou un adolescent, notamment de dépression ou d’anxiété ».
Des recommandations par âge
Le groupe d’experts a ainsi formulé 29 recommandations :
jusqu’à 3 ans : pas d’écran ;
de 3 à 6 ans : l’usage des écrans reste déconseillé ;
6 ans : une exposition modérée et contrôlée aux appareils connectés ;
11 ans : un téléphone portable mais non connecté ;
13 ans : un téléphone portable connecté à Internet mais sans réseaux sociaux ;
15 ans : un accès aux réseaux sociaux « pourvus d’une conception éthique ».
Une nécessaire responsabilisation des adultes
Aux parents et adultes proches de jeunes enfants, le rapport appelle à la plus grande vigilance quant à l’utilisation des appareils connectés en leur présence. « Cette ‘technoférence’ qui affecte la quantité et la qualité des interactions avec l’enfant peut altérer, en cascade, les capacités socio-émotionnelles et le développement du langage. L’adolescence est aussi une période vulnérable à ce titre sur le plan psychocomportemental », lit-on dans le rapport.
Chez les enfants plus grands, « l’accès non maîtrisé des enfants aux écrans et l’insuffisante régulation des contenus auxquels les mineurs peuvent être exposés, en matière de pornographie et d’extrême violence, font peser un risque élevé sur leur équilibre, voire parfois leur sécurité, a fortiori si le dialogue avec les adultes n’est que peu construit ».
Le site du Défi 10 jours sans écran responsabilise également les adultes : « le Défi sans écrans est réalisable partout où des parents et des enseignants conviennent d’unir leurs efforts pour rendre les enfants capables de le relever ».