Reflux gastro-œsophagien : attention aux repas trop caloriques !
De nombreuses idées reçues circulent concernant l’alimentation en cas de reflux gastro-œsophagien (RGO). Pour mieux comprendre ses effets, voici quelques notions.
Le RGO, qu’est-ce que c’est ?
Le reflux gastro-œsophagien survient lorsque le contenu acide de l’estomac remonte dans l’œsophage, provoquant des symptômes et des dommages au niveau de sa muqueuse. La zone anatomique où l’œsophage se connecte à l’estomac s’appelle la jonction œsogastrique. C’est là que se trouve le sphincter inférieur de l’œsophage (SOI), un muscle circulaire qui régule le passage du contenu de l’œsophage vers l’estomac. Cette sorte de clapet bloque la remontée des aliments de l’estomac vers l’œsophage. Lorsque ce sphincter ne fonctionne pas correctement (un faible tonus, par exemple), cela peut entraîner des problèmes tels que le reflux gastro-œsophagien, avec un reflux acide qui remonte, parfois jusqu’à la bouche.
En plus des médicaments, certaines règles hygiéno-diététiques sont importantes pour gérer le RGO, comme attendre 2 à 3 heures après le repas pour se coucher. L’alimentation et le poids jouent un rôle dans l’apparition des symptômes de RGO. La perte de poids est efficace pour réduire les symptômes de reflux. En effet, l’obésité contribue au RGO en raison de l’augmentation de la pression abdominale et des contraintes exercées sur la jonction œsogastrique, cette frontière entre l’œsophage et l’estomac.
Quid d’un repas hypercalorique ?
La charge calorique d’un repas (la quantité de calories) et la teneur en lipides ont un impact sur le RGO. En effet, la prise d’un repas réduit le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage. Il se relâche aussi plus souvent et plus longtemps (on parle de « relaxations transitoires du SIO »), et le contenu de l’estomac en profite pour remonter dans l’œsophage. Si ces relaxations transitoires sont normales, elles sont plus fréquentes et prolongées en cas de RGO.
Or, il a été montré qu’en présence de lipides apportés par le repas, un neuropeptide (cholécystokinine) est libéré qui contribue à abaisser le tonus du clapet œsophage-estomac, et à augmenter la fréquence de ces relâchements transitoires. Tout cela concourt à augmenter les reflux acides. Enfin, les lipides augmentent la perception des reflux (on parle d’hypersensibilité au reflux induit par les lipides). C’est pourquoi il est important de prendre en compte la valeur calorique mais aussi la quantité de lipides dans l’alimentation, souvent liées.
De plus, un repas hypercalorique ralentit la vidange gastrique (processus par lequel le repas passe de l’estomac vers l’intestin grêle) : la distension de l’estomac est prolongée, le tonus du clapet œsophage-estomac diminue et il y a plus de relâchements transitoires du sphincter inférieur de l’œsophage.
Les glucides favorisent des épisodes de reflux et leur perception
Si la composante en protéines d’un repas a peu d’impact, les glucides (notamment rapides comme le glucose, fructose, saccharose… dans les jus de fruits, boissons sucrées, aliments industriels), via les produits issus de leur fermentation (acides gras à chaîne courte) diminuent le tonus du clapet (sphincter inférieur de l’œsophage). Celui-ci se relâche plus souvent et longtemps. D’ailleurs, des études portant sur des régimes pauvres en sucres (glucides rapides ou lents comme les légumineuses…) ont montré un effet bénéfique sur les symptômes de reflux.
En résumé, les repas riches en calories, en graisses et/ou en glucides favorisent l’apparition des épisodes de reflux ainsi que leur ressenti. Par conséquent, les experts conseillent de lever le pied sur les graisses et les glucides.