Grippe aviaire : la transmission à l’Homme, une « préoccupation majeure » pour l’OMS
Après avoir dévasté des populations d’oiseaux sauvages et décimé des élevages de volailles, la grippe aviaire sera-t-elle bientôt capable de se transmettre de l’homme à l’homme ? C’est en tout cas ce que craint l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Ses experts étaient réunis ce jeudi 18 avril au siège genevois de l’ONU pour présenter de nouvelles mesures contre les agents pathogènes se transmettant par voie aérienne. A cette occasion, le Dr. Jeremy Farrar, scientifique en chef à l’OMS, a pointé le taux de mortalité « extrêmement élevé » parmi les centaines de personnes infectées par le virus H5N1 à ce jour. Concrètement, depuis le début de l’année 2023 jusqu’au 25 mars 2024, 888 cas humains d’infection par la grippe aviaire ont été notifiés à l’OMS dans 23 pays. Sur ces 888 cas, 463 décès sont survenus, soit plus de la moitié des personnes infectées.
Des oiseaux à l’Homme
Pour l’heure, aucune transmission interhumaine du virus H5N1 n’a été enregistrée. Mais sa capacité d’adaptation et sa rapide propagation interespèce font craindre le pire. « Le virus H5N1 est une infection grippale, qui a débuté principalement chez les volailles et les canards et qui s’est largement propagée au cours des deux dernières années pour devenir une zoonose mondiale », a déclaré Jeremy Farrar. « La grande préoccupation, évidemment, est qu’en infectant ainsi les canards et les poulets – et désormais un nombre croissant de mammifères – ce virus évolue et développe la capacité d’infecter les humains. Et puis, de manière critique, la capacité à passer à une transmission interhumaine ».
Chez les mammifères, la grippe aviaire a été détectée chez les ratons laveurs, les moufettes, les renards, les chiens, les chats ou encore chez le vison d’élevage. Récemment, au début du mois d’avril, on apprenait la contamination d’un humain par des vaches laitières atteintes de la grippe aviaire. Il s’agit du tout premier cas confirmé de transmission de la grippe entre l’Humain et un autre mammifère. Jusqu’ici les mammifères atteints avaient été infectés par des oiseaux.
Retard sur les vaccins contre H5N1
Le cas des vaches laitières américaines fait craindre à Jeremy Farrar « une évolution des modes de transmission » du virus. L’expert de l’OMS évoque une « préoccupation majeure » et appelle les pays à anticiper d’ores et déjà une transmission interhumaine. « Je crois que nous devons nous assurer que si le virus H5N1 se transmettait à l’homme par transmission interhumaine, nous soyons en mesure de réagir immédiatement en offrant un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics ».
Mais dans ces domaines non plus, l’OMS n’est pas optimiste. Concernant les vaccins et le diagnostic, le monde entier est à la traîne : le développement des vaccins n’est pas « là où nous devrions être », a regretté le Dr. Farrar. Quant aux autorités sanitaires, elles n’auraient, à ce stade, pas la capacité de diagnostiquer le H5N1.