Burn out : les enfants aussi
Tout comme dans le monde du travail, le burn out des enfants se manifeste d’abord par un épuisement profond. « Alors qu’ils reviennent de vacances par exemple, ils ne tiennent plus debout, sont irritables, ont les larmes aux yeux, n’arrivent plus à réfléchir », décrit Béatrice Millêtre. « Ils ne savent pas expliquer clairement pourquoi, simplement qu’ils n’en peuvent plus », poursuit-elle. Et « lorsque l’on creuse un peu, on observe une perte de sens ».
Et ce sentiment général est largement associé à l’école. « Ils y subissent une pression importante vers la performance », souligne la psychologue. Il faut toujours travailler plus pour réussir à l’école, puis dans la vie. Mais ce discours est parfois incohérent. En effet, « on dit à certains jeunes qui ont 14 de moyenne que ce n’est pas suffisant, pour qu’ils ne relâchent pas leurs efforts. Ils travaillent alors 3 heures au lieu d’une et ne passent que de 14 à 15. Ce qui leur donne le sentiment que ça ne sert à rien », étaye-t-elle. Les enfants peuvent alors s’imaginer qu’aucun effort ne suffira jamais.
Le trop-plein d’activités extrascolaires et la pression vers la performance également dans ces différents domaines accentuent le risque de burn out. Naturellement, « certains sont plus touchés que d’autres, en fonction de leur caractère et de leur sensibilité personnelle ».
Arrêter en urgence
Avant que la dépression ne s’installe, « je les arrête systématiquement », insiste Béatrice Millêtre. « Comme on le ferait s’ils avaient les deux jambes cassées. Ils vont chez la grand-mère par exemple, faire du vélo et manger des gâteaux. Ou faire n’importe quoi qui n’a plus trait aux activités habituelles », ajoute-t-elle. Ils sont en convalescence et peuvent dormir pour récupérer. « C’est ça l’urgence », insiste la psychologue.
« Une fois qu’ils sont remis d’aplomb, au bout de trois semaines, un mois ou deux mois parfois, ils peuvent reprendre l’école et leurs activités et n’ont rien perdu », note-t-elle. C’est à ce moment-là qu’il est judicieux de « réfléchir à ce qui s’est passé pour en arriver là ».
Il faut alors décrypter les attentes des parents, des professeurs etc… et interroger le système autour de l’enfant. « Si l’on change de prisme et qu’on dédramatise certaines injonctions, que des pressions sont remises en question, en général ça va beaucoup mieux », assure-t-elle. En tout cas, il est essentiel « d’écouter et de croire un enfant qui exprime qu’il n’en peut plus », conclut-elle.