Alerte sur la santé mentale des collégiens et des lycéens, surtout des jeunes filles
Santé publique France publie mardi 9 avril les résultats pour 2022 de l’Enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS*). En 2018 et 2022, « les collégiens et les lycéens ont connu une nette dégradation de leur santé mentale et de leur bien-être entre 2018 et 2022 », est-il écrit en conclusion de l’étude. Autre enseignement : « cette dégradation est plus marquée chez les jeunes filles ». Alors que seuls les lycéens se sont vu interroger sur d’éventuelles pensées suicidaires, celles-ci ont augmenté de 7 points chez les filles et de 4 points chez les garçons, concernant ainsi 31 % des lycéennes et 17 % des lycées.
Nervosité, irritabilité et sentiment de solitude
Chez les collégiens, les plaintes récurrentes d’ordre psychologique telles que les difficultés à s’endormir, la nervosité et l’irritabilité sont en hausse, surtout chez les filles, avec une augmentation de 14 points. Le niveau de bien-être mental diminue rapidement avec l’évolution de la scolarité. Ainsi, 7 collégiens sur 10 déclarent un bon niveau de santé mentale en 6e, ils ne sont plus que la moitié en 3e. « Cette dégradation va de pair avec l’augmentation du sentiment de solitude tout au long de la scolarité (17 % déclarent un sentiment de solitude en 6e alors qu’ils sont 30 % en 1re) avec des écarts de plus en plus importants entre les filles et les garçons », note l’étude.
Risque important de dépression
Celle-ci a également mesuré le risque important de dépression. Là encore, les filles y sont beaucoup plus exposées que les garçons, que ce soit au collège ou au lycée. « Si l’on se rapporte à 2018, le risque important de dépression a augmenté de plus de 8 points chez les collégiennes et de près de 5 points chez les lycéennes. » Au-delà des écarts entre les filles et les garçons, le risque de dépression concerne 14 % des élèves de 4e et 3e et 15 % des lycéens.
Santé publique France identifie plusieurs facteurs de risque pouvant expliquer cette dégradation de la santé mentale des collégiens et des lycéens, parmi lesquels la pandémie de Covid-19, les conflits armés, les attentats, la crise climatique, la pression scolaire, les risques liés à internet et à l’utilisation des médias sociaux…
Plusieurs études confirment la tendance
Si les indicateurs se sont détériorés avec des écarts importants entre les filles et les garçons, la tendance était déjà amorcée en 2018, précise Santé publique France. Les résultats confirment des études précédentes, notamment une augmentation des recours aux urgences pour les troubles de l’humeur et les idées suicidaires chez les 11-24 ans depuis 2021, plus particulièrement chez les jeunes filles.
Outre l’augmentation des différents facteurs de risque, l’agence n’exclut pas non plus, parmi les causes possibles, une plus grande capacité à dire son mal-être et ses souffrances que chez les précédentes générations.
A noter : les tendances sont identiques pour la majorité des pays qui participe à l’enquête HSBC, pilotée par le bureau Europe de l’Organisation mondiale de la santé. « Health behaviuour in school-ages children », rassemble une cinquante de pays autour de la santé physique, psychique et sociale des enfants et des adolescents.
*Enquête menée via un questionnaire en ligne auto-administré. Les résultats portent sur un total de 9337 questionnaires remplis par les élèves de 147 collèges et 90 lycées de France hexagonale.