Un premier traitement contre la maladie du foie gras
La « stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique » (MASH, anciennement appelée NASH) désigne l’accumulation de graisse dans le foie perturbant le métabolisme des lipides. Elle affecte principalement les individus en surpoids, ceux souffrant de diabète de type 2 ou présentant un syndrome métabolique. Elle peut progresser vers la cirrhose et le cancer hépatocellulaire voire des conséquences sur la santé cérébrale. La fréquence de cette maladie, « initialement anecdotique au début des années 2000, suit la tendance des grandes maladies métaboliques, avec une prévalence croissante des formes sévères », explique Dr Guillaume Lassailly, hépato-gastroentérologue (CHU de Lille).
Un chiffre parmi d’autres pour illustrer cette progression : la maladie du foie gras (tous stades d’évolution confondus) devrait bondir de 23 % aux États-Unis d’ici à 2050, selon une publication parue au congrès américain de l’association sur l’étude des maladies du foie (AASLD), fin 2023.
30 % de disparition du foie gras grâce au resmetiron
Après plusieurs années de recherche infructueuse, plusieurs avancées médicamenteuses se dessinent dans la MASH, dont le resmetiron (un agoniste du THR-β, par voie orale). Il est capable de moduler le métabolisme des graisses (lipides) dans le foie. « Grâce à ce traitement, la résolution de la MASH surviendrait chez 29,9 % des patients traités avec du resmetirom dosé à 100 mg (contre 9,7 % dans le groupe placebo) », précise le spécialiste. Ces chiffres proviennent de l’étude internationale très attendue, MAESTRO-NASH, qui vient de paraître dans une importante revue scientifique. On tient enfin le premier traitement de cette maladie inflammatoire du foie.
Qui traiter ?
Dans un éditorial lié à la publication, le Dr Kenneth Cusi, endocrinologue à l’Université de Floride, souligne que grâce à ce médicament, près de deux patients traités sur dix connaîtront une résolution de leur maladie liée à la graisse du foie, tandis qu’environ un sur dix présentera une amélioration de la fibrose. La fibrose est la conséquence de l’accumulation de la graisse sur les tissus du foie qui deviennent fibreux.
Mais il reste un problème à résoudre : qui traiter ? En effet, deux tiers des patients ne réagissent pas au resmetirom. Mais faute de marqueurs spécifiques (molécules biologiques ou substances chimiques), il est actuellement difficile d’identifier les personnes chez qui cette molécule pourrait être efficace, et les autres. A cette intention, des programmes de recherche internationaux sur les biomarqueurs sont en cours et certains sont subventionnés par la Commission européenne.
Le resmetiron est attendu dans les prochains mois, aux Etats-Unis et en Europe. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a accordé une autorisation de mise sur le marché (AMM) provisoire au resmetirom le 15 mars dernier.
A noter : une perte de poids d’au moins 10% entraîne une amélioration notable de la stéatose hépatique (la quantité de graisse dans le foie), réduit l’inflammation, et permet jusqu’ 80 à 90 % de disparition de la maladie du foie gras (MASH).