Accompagnement sexuel : les associations veulent un cadre légal
« Je ressens des choses mais je ne suis pas en mesure d’avoir une sexualité comme tout le monde car j’ai du mal à me mouvoir ». Willy Rougier est infirme moteur cérébral (IMC) et président de l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas). La mission de celle-ci est affichée noir sur blanc sur son site internet : « aider les personnes en situation de handicap moteur à gagner en confiance par l’exploration de leur sensualité. Pour cela, elle les met en relation avec des accompagnant-es pour leur donner accès à leur univers intime, ceci de façon temporaire et encadrée ».
Par encadrement, l’Appas fait référence à une formation qui vise les accompagnants. « C’est obligatoire », insiste Willy Rougier, qui détaille ouvertement le principe : « Lorsqu’un ou une adhérente en situation de handicap émet le besoin, il remplit un formulaire sur notre site internet. Par ailleurs, l’association reçoit durant une heure tout nouvel accompagnant qui le souhaite, pour l’interroger sur ses motivations. Il ou elle doit ensuite participer à une session de formation sur 4 jours au cours de laquelle nous revenons, notamment sur le rôle de l’accompagnant sexuel, les différents types de handicaps etc. » Une formation payante : « nous demandons 700€ », glisse le président.
Assimilé à de la prostitution…
Les accompagnants sont des personnes valides. « La demande est au préalable parfaitement cadrée avec la personne en situation de handicap. Libre à l’accompagnant ou l’accompagnante d’accepter ou de refuser. Nous sommes entre personnes adultes et consentantes », poursuit-il. En revanche et c’est là où le bât blesse au regard de la loi française, l’accompagnant sexuel intervient contre rémunération. De ce fait, « comme notre association fait en quelque sorte de la mise en relation, nous pouvons être considérés comme des proxénètes passifs. C’est pourquoi, nous militons pour faire évoluer la loi et donner un cadre légal au statut d’accompagnant sexuel. Car il répond à une réelle détresse », implore Willy Rougier.
De son côté, APF France handicap revendique également « la reconnaissance d’une vie affective, intime et sexuelle pour toutes et tous ». Elle plaide en faveur de la création « de services d’accompagnement sexuel faisant appel à des assistants sexuels formés » et des facilités pour « la prise en charge financière des produits et aides techniques en matière d’accompagnement à la vie sexuelle ».