Des microplastiques présents dans tous les placentas humains
Eau, lait, coquillages, fruits, légumes… les microplastiques sont omniprésents dans ce que nous consommons. A quels niveaux sont-ils alors présents dans notre organisme ? Des chercheurs de l’université du Nouveau-Mexique (Etats-Unis) ont testé un nouvel outil capable de mesurer la présence de ces substances dans le placenta humain, cet organe qui permet les échanges entre la mère et le fœtus.
Publiés le 17 février 2024 dans la revue Toxicological Sciences, les résultats confirment que tous les échantillons de placentas testés étaient contaminés aux microparticules de plastique. Sur les 62 échantillons de placenta, les concentrations allaient de 6,5 à 790 microgrammes de plastique par gramme de tissu. « Si nous constatons des effets sur le placenta, cela signifie que la vie de tous les mammifères sur cette terre pourrait être affectée », s’alarme le Pr. Matthew Camden qui a dirigé l’étude.
Polyéthylène, PVC, nylon…
Selon une nouvelle technique, les scientifiques, en partenariat avec des chercheurs de l’université de l’Oklahoma, ont réussi à isoler les plastiques du tissu placentaire. Ils les ont ensuite chauffés pour capturer et analyser les émissions de gaz.
Le polyéthylène, utilisé pour fabriquer les sacs et bouteilles en plastique, était le plastique le plus répandu (54 %), suivi du polychlorure de vinyle, également connu sous le nom de PVC et nylon. Respectivement 10 % des plastiques retrouvés. Neuf autres polymères étaient également présents dans les échantillons étudiés.
Quid des autres organes, alors que le placenta a une très courte durée de vie. Il commence à se développer un mois après le début de la grossesse et sa croissance ne dure que huit mois. « Les plastiques s’accumulent sur des périodes beaucoup plus longues dans les autres organes du corps », pointe le scientifique.
Des maladies contemporaines expliquées par l’omniprésence du plastique ?
Et si les plastiques sont réputés biologiquement inertes, certaines microparticules seraient suffisamment petites pour traverser les membranes cellulaires. Dès lors, quels sont précisément leurs effets sur la santé ? Pour le Pr. Camden, « la concentration croissante de microplastiques dans les tissus humains pourrait expliquer l’augmentation surprenante de certains problèmes de santé, tels que les maladies inflammatoires de l’intestin et le cancer du côlon chez les personnes de moins de 50 ans, ainsi que la baisse du nombre de spermatozoïdes ». Camden et son équipe poursuivent leurs travaux pour tenter de répondre à ces questions alors que la crise du plastique ne fait qu’empirer.
La fabrication et le recours aux plastiques se développent de manière exponentielle depuis des dizaines d’années. Pour rappel, le plastique industriel est né en 1907 avec la bakélite, on en fait une utilisation massive depuis la seconde moitié du 20e siècle. Selon l’OCDE, entre 2000 et 2019, la production de plastique a doublé pour atteindre 460 millions de tonnes, la même année ce sont 353 millions de tonnes de déchets plastiques qui étaient générés. Les particules se décomposent en particules encore plus petites et ainsi de suite. « Nous l’absorbons par ingestion, mais aussi par inhalation. Il nous affecte nous, humain, mais aussi tous les animaux et toutes les plantes », note Marcus Garcia, qui travaille avec le Pr. Camden.