Pour le climat et leur santé, les Français devraient consommer deux fois moins de viande
En France, 22 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l’alimentation. Réduire de 50 % notre consommation de viande, permettrait à la France de respecter ses engagements climatiques, selon l’étude « Comment concilier nutrition et climat », de l’ONG Réseau action climat et la Société française de nutrition, publiée mardi 20 février.
« La quantité de viande consommée par habitant en France est aujourd’hui deux fois supérieure à la moyenne mondiale », note le rapport. Et après deux décennies de baisse, la consommation de viande affiche une hausse de 2 % entre 2013 et 2022. Actuellement, les Français consomment en moyenne 900 grammes de viande (dont la charcuterie) par semaine, il s’agirait donc de réduire cette consommation à 450 grammes hebdomadaires.
Les enjeux environnementaux exclus du PNNS
Allemagne, Belgique, Danemark, Italie… En tout, 25 pays tiennent déjà compte des enjeux environnementaux dans leurs recommandations alimentaires. En France ? Ce n’est pas le cas. Le Programme national nutrition santé (PNNS) dont la première version a vu le jour en 2001 ne prend en compte que la nutrition et ses enjeux pour la santé.
Afin d’élaborer des recommandations qui prennent en compte les besoins nutritionnels, la santé mais aussi l’environnement, le Réseau Action Climat et la Société française de nutrition ont modélisé plusieurs régimes alimentaires durables. Objectif : « déterminer comment satisfaire l’ensemble des apports nutritionnels recommandés en réduisant de moitié la consommation actuelle de viande observée en France, en cohérence avec les principaux scénarios et modélisations de régimes alimentaires durables ».
Le paquet sur les légumineuses, les fruits à coque
Deux modèles ont ainsi émergé, l’un avec deux de portions laitières par jour, l’autre avec trois produits laitiers par jour. Quelles sont les différences majeures de ces deux modèles avec le régime alimentaire des Français ? Ils nécessiteraient de consommer au moins 100 grammes de plus de fruits et légumes par jour. Et de 3 grammes de fruits à coque par jour, on passerait à 29 et 23 grammes.
Les produits céréaliers « raffinés » baisseraient drastiquement (quasiment divisés par 3) tandis que les portions journalières de produits céréaliers complètes grimperaient en flèche : de 19 grammes en 2015, on passerait à 138.
La part de légumineuses (lentilles, pois, fèves…) bondirait également, et on le comprend aisément : les légumineuses constituent une excellente alternative aux protéines animales. Il s’agit toutefois de protéines incomplètes, il faut donc les associer à des céréales, complètes de préférence. Quant à la consommation de viande, il serait alors recommandé de ne pas dépasser 450 grammes de viande par semaine.
Quid des besoins nutritionnels ?
Avec ces deux modèles journaliers, potassium, magnésium et vitamines C et E atteignent les niveaux recommandés, les dépassent pour la vitamine B9. « Même pour des nutriments parfois considérés comme difficiles à obtenir avec une alimentation plus végétale, les apports seraient soit maintenus (vitamine D, zinc), soit augmentés (fer et omégas 3 de type EPA-DHA) par rapport à l’observé, soit diminué tout en respectant la recommandation de l’ANSES (vitamine B12) », notent les auteurs de l’étude.
Alors que le gouvernement est attelé à élaborer sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, les auteurs du rapport attendent les recommandations suivantes dans le prochain PNNS :
ne pas consommer plus de 450 grammes de viande par semaine
consommer de 65 à 100 grammes de légumineuses cuites par jour
consommer deux poignées, soit 25 à 30 grammes de fruits à coque par jour en privilégiant les noix.