10 maladies qui touchent davantage les femmes

10 maladies qui touchent davantage les femmes

Question santé, l’égalité entre les sexes n’est pas forcément une bonne nouvelle. Le stéréotype du « mâle âgé, en surpoids et fumeur » frappé par l’infarctus du myocarde, le cancer du poumon, la bronchite chronique ont fait long feu, et les femmes commencent sérieusement à rivaliser avec les hommes.

L’infarctus du myocarde

Les maladies cardiovasculaires sont en constante augmentation chez les jeunes femmes, avec une mortalité deux fois supérieure à celle des hommes, et la 1ère cause de décès chez elles. Alors que le taux global d’hospitalisations pour infarctus du myocarde diminue en France, il progresse chez les femmes de moins de 65 ans, en particulier les 45-54 ans. En cause, un mode de vie défavorable (tabagisme, alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique, sédentarité, surpoids…) qui représente 80 % des facteurs de risque. Alors même que les femmes partent déjà avec un handicap : à consommation égale de cigarettes, le risque cardiovasculaire est 25 % plus élevé chez elles. Et en plus des facteurs classiques de maladies cardiovasculaires (diabète, dyslipidémies, etc.), elles accumulent des risques spécifiques liés à la grossesse (diabète gestationnel, hypertension artérielle gravidique, etc.).

Le diabète

« Dans le monde comme en France, la prédominance masculine du diabète de type 2 est incontestable : 6,1% contre 4,2 % pour le diabète traité, de même âge », souligne le Pr Pierre Gourdy, endocrinologue (CHU de Toulouse). Un ratio qui pourrait basculer à moyen terme, vu la progression de l’obésité chez les femmes. Mais dès aujourd’hui la situation est grave : les femmes diabétiques de type 2 ont 27 % et 44 % de risque supplémentaire d’accident vasculaire cérébral et de maladie coronarienne. Quant aux femmes diabétiques de type 1, elles présentent un risque supplémentaire de 40 % de mort prématurée par rapport aux hommes.

Le cancer du poumon

Les chiffres de l’étude KBP-CPHG 2020 (2022) sont vertigineux : les cancers pulmonaires féminins représentent 34,6 % de l’ensemble des cas contre 16 %, en 2000. « Le dépistage systématique serait encore plus intéressant chez les femmes à risque (fumeuses, principalement) en comparaison des hommes, explique le Pr Mazières, pneumologue (Hôpital Larrey, CHU de Toulouse), car on ne songe pas encore suffisamment à elles lorsque l’on pense « cancer du poumon ». D’autant qu’on découvre plus souvent chez elles des formes dont le pronostic est grave (adénocarcinomes). »

La BPCO 

Aujourd’hui 50% des malades souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), grave maladie respiratoire principalement due au tabagisme, sont des femmes. Et elles sont en train de prendre le dessus : selon Santé Publique France, la prévalence de la BPCO augmente chaque année de 1,7% alors qu’elle est stable chez l’homme depuis les années 1975. Mais là aussi, les femmes sont plus vulnérables : la surmortalité féminine liée à la BPCO ne fait plus aucun doute. « L’âge plutôt jeune des femmes qui développent une BPCO ne doit pas tromper, avertit le Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue co-responsable du groupe « Femmes et poumon » de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Il est devenu courant de découvrir des BPCO chez des femmes entre 35 et 40 ans et souvent bien avant 60 ans ! » 

La migraine

La migraine touche 3 femmes pour 1 homme. Près de la moitié des migraineuses ont entre 30 et 50 ans. Il existe un lien très clair entre migraine et hormones féminines, essentiellement les œstrogènes, confirmé par les récentes études. « Une explication renforcée par le fait qu’avant la puberté, filles et garçons sont autant migraineux les uns que les autres, argumente Dr Anne Donnet, neurologue (CHU de Marseille).  De plus, les crises sont calquées sur les fluctuations hormonales : elles débutent souvent à la puberté, sont plus fréquentes lors des règles, ont tendance à diminuer pendant les grossesses et après la ménopause. » 

L’ostéoporose

L’ostéoporose est surtout associée au sexe féminin – 4 fois plus de femmes que d’hommes. A ce déséquilibre s’ajoutent de nombreuses différences entre les sexes : les os des femmes sont en général plus minces, plus poreux et donc plus fragiles, en cas d’ostéoporose, elles ont un risque accru de fractures osseuses surtout de hanche, des vertèbres et du poignet mais aussi du bassin, de l’épaule et des côtes. 

Dépression, maladies d’Alzheimer, cystite, intestin irritable… des maladies très féminines 

En France, près d’une personne sur dix déclare avoir souffert d’une dépression l’année écoulée (Santé publique France, 2018). Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes (13 % contre 6,4 %). Mais attention, car les femmes consultent plus souvent que les hommes, lesquels, par conséquent sont peut-être avant tout sous-diagnostiqués. Le post-partum peut aussi s’accompagner de formes de dépression légères pour 10 à 15 % des femmes, à plus sévères.

Dans la maladie d’Alzheimer également les femmes sont encore plus nombreuses : deux malades sur trois sont des femmes.

Les cystites – infection urinaire localisée au niveau de la vessie – sont, elles aussi, une maladie surtout féminine. La courte longueur de l’urètre (canal allant de la vessie à l’extérieur) est l’explication principale.

Idem pour les troubles fonctionnels intestinaux – constipation et le syndrome de l’intestin irritable (SII) où la prédominance féminine est marquée, dans les pays occidentaux. En France, le SII touche trois femmes pour un homme. Parmi les pistes, comme l’explique le Dr Pauline Jouët, gastro-entérologue (Hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt), on trouve « un temps de transit colique plus lent chez la femme, une hypersensibilité viscérale plus importante, le fait que les femmes sont plus sujettes au syndrome de l’intestin irritable post-infectieux, exposées plus souvent à un événement traumatisant (comme un abus ou harcèlement sexuel), mais aussi le fait qu’elle consultent plus que les hommes»